Nadir c’est un point d’ombre, une zone floue à l’intérieur de soi, soleil noir qui grandit et se noue dans la gorge, le cœur au bord des lèvres, comme une révélation, un rêve rêvé plusieurs fois, insupportablement familier, qui ferait hurler ses larmes. Dans ce songe qui disparaît sans cesse, il y a le désespoir de se souvenir, des émanations de subconscient qui échappent à la mémoire, comme un déjà-vu qui serait la clé, la réponse. Le disque délimite une zone, un problème, c’est déjà miraculeux de pouvoir se repasser la bande, de se rembobiner dans le son, sans bien sûr ne jamais rien trouver, juste la certitude d’y être. La lutte est âpre, consumante, psychédélique ; et c’est un envoûtement intime de s’y retrouver, perdu dans ses réminiscences coupables.
Avec Heart in Mouth on a le plaisir de toucher à quelque chose de crucial, d’essentiel, et de pouvoir au choix : plonger dedans intensément, passer au travers, l’écouter d’une oreille, le survoler, le mettre en boucle… C’est quand il revient, par bribes, du fond la pièce ou au milieu de la figure, qu’on commence à le voir, à pouvoir le toucher en soi, comme une bosse bizarre, une protubérance rêvée, qui n’est pas toujours là mais dont la présence occasionnelle et gratifiante nous remplit d’une lumière toute particulière.
